Le 44ème président des Etats-Unis est donc noir, ou métisse. « Africain-américain » dans la terminologie américaine. Son père, Barack Obama Senior était Kenyan, de culture musulmane. Il s?agit là, bien sûr, d?une formidable révolution, en Amérique d?abord, 44 ans après le Civil Right Act qui a aboli en pratique la ségrégation et 7 ans après les attentats du 11 septembre qui ont entraîné une série de mesures répressives ciblant en particulier la communauté musulmane américaine. Par contrecoup, ou effet de miroir, c?est aussi, de fait, un événement fondamental pour la France dans la mesure où l?élection de Barack Obama, en tant que symbole, ou symptôme d?une société réconciliée, post-raciale où la race en tant que construit social n?est plus un marqueur discriminant, doit nous alerter sur les faiblesses de notre modèle national.
Quand on dit ?Vichy?, ça vous fait penser à quoi ? A une eau de source ? A une cure thermale ? A un week-end spa dans un lieu de verdure et de kiosques à musique à l?ancienne ? A une boîte de pastilles rafraîchissantes et digestives ? Oui, certes, mais encore ?...
Bien sûr, le simple nom de Vichy évoque aussi des choses beaucoup plus sombres. On pense tout de suite au Régime de Vichy : l?Etat français du maréchal Pétain, l?abrogation de la Constitution de 1875 qui met fin à la IIIème République, l?hôtel du Parc, Henriot, Marion, la Révolution nationale, ?Travail, famille, patrie? remplaçant la devise républicaine de ?Liberté, Egalité, Fraternité?, le recul de la laïcité, de la liberté de penser, mais surtout, dans le cas qui nous intéresse ici, les fameuses lois de Vichy contre les Juifs et les étrangers. Et qu?annonce la presse pour les 3 et 4 novembre prochains, à Vichy, justement ?
A côté du dynamisme commercial avec lequel nos vendeurs d?Etat bradent les intérêts généraux, il est temps, peut-être, de susciter de nouvelles humeurs collectives et, à l?intérieur du climat dépressif qui plombe une quantité croissante d?individus, d?allumer un beau foyer d?idées mortes. En vérité, ces idées-là ne le sont pas, mortes mais ce sont les morts-vivants qui nous tiennent lieu de gouvernants qui s?acharnent à le faire croire. Eux ont la pensée en cendres, depuis trop longtemps campés dans la volonté canine de ne pas lâcher un seul morceau d?un monde fait à leur convenance.
Bien sûr, il faut maintenant que les matches de foot, en fonction de la couleur de l'équipe adverse, se jouent sur des territoires spécifiques, que les équipes maghrébines, ou africaines, aillent jouer ailleurs, en province, ou pourquoi pas "chez eux", à l'étranger, mais sûrement pas à Paris, encore moins en banlieue. Confer Bernard Laporte, inénarrable secrétaire d'Etat aux sports, et personnage exempt de tout reproche lui aussi, chevalier blanc, à peine terni par quelques sordides affaires de corruption qui ont - mais ce ne fut pas le cas, dieu merci - failli l'empêcher d'être ministre.
Nous, les sans-voix, les sans-réseaux, les dominés de toutes peaux, les invisibles de toutes couleurs, les dépossédés démocratiques et les cocus républicains n'avons plus dans la France d'aujourd'hui que nos corps.
Ces corps que nous n'hésiterons pas à lancer contre les machines, en guise d'évènement.
Ce petit livret du collectif « Qui fait la France ? » vise à expliciter, sur la base d'un diagnostic étayé, les possibilités qui demeurent, pour chacun, d'un engagement concret, démocratique, efficace et joyeux.