Le 17 avril 2009, à l?université Columbia de New York, un évènement s?est produit qui a littéralement changé la face de la France. Un colloque discutait en effet, dans le sillage du livre pionnier de Pap Ndiaye « La condition noire », de la construction d?une France noire. Le titre se voulait polémique, même si dans le contexte américain il est l?ordinaire de cette nation de communautés.
Organisé par Maboula Soumahoro, professeur a Columbia Université, le colloque, intitulé "They Won't Budge: Africans in Europe", a décortiqué l?irrésistible ascension et personnalisation d?une France noire, fondamentalement distincte de la France républicaine par l?experience quotidienne et dans la chair du préjugé racial et de la dévalorisation sociale. Il serait impossible de retranscrire la richesse des débats qui entrecroisaient les approches théoriques, (puisant en cela dans le fonds giboyeux des cultural studies americaines), symboliques et historiques, proposées par des intervenants de tous horizons. Un compte-rendu des débats est disponible, et ce pour l?éternité.
Le deuxième roman de Thomté Ryam, membre fondateur du collectif, est sorti hier. Paru aux Editions du Rocher, il s'intitule .
L'histoire : Janvier-mars 2008, dans le XXe arrondissement à Paris. Malik Diagourag, alias El Magnifico, a 24 ans, vient de sortir de prison et squatte l?appartement de son frère, footballeur au Paris-Saint-Germain, en déplacement professionnel aux États-Unis. Depuis sa cellule, où il a passé trois ans pour braquage, Malik a entrepris de raconter son existence de malfrat sous forme d?un manuscrit, et il espère maintenant trouver un éditeur qui accepterait de le publier.
Pourquoi tellement de gens ont-ils pleuré le jour de l?investiture de Barack Obama, et pas seulement les femmes, et pas seulement les Américains, et pas seulement les Africains-Americains ?
Pourquoi ce 20 janvier n?est-il pas juste une date extraordinaire dans l?histoire des hommes mais plutôt le début d?une histoire autre, parce que meilleure ?
Un membre fondateur de notre collectif, Jean Eric Boulin, est parti vivre quelques temps à New York dans la perspective de voir comment, ailleurs, sont traitées les questions qui sont le lieu de crispations ici, en France. Voici sa première chronique :
Un lieu peut embrasser la diversité sans forcément l?aimer, ou alors ni l?un ni l?autre, ou alors, au contraire, l?aimer et l?embrasser, et de bon coeur. C?est le cas de New-York City. Qu?un tel lieu existe donne une joie impénitente.
Il y a à New-York un plébiscite quotidien de la diversité. Discret et poétique d?abord. Enseignes en chinois, ourdou, grecs, polonais, yiddish, frise des visages du monde dans les métros du matin, taxis ivoiriens ou algériens qui se confondent avec des Afro-américains ou des Latino. Au côté de Little Italy, et de Chinatown, il existe une petite Algérie dans le Queens, une petite Pologne à Brooklyn, un petit Sénégal dans le Bronx. Les langues, les journaux, les habits du pays natal y triomphent tranquillement. Et c?est doux, pour les exilés de ces pays-là, d?y venir et de s?y arrêter.
Le 44ème président des Etats-Unis est donc noir, ou métisse. « Africain-américain » dans la terminologie américaine. Son père, Barack Obama Senior était Kenyan, de culture musulmane. Il s?agit là, bien sûr, d?une formidable révolution, en Amérique d?abord, 44 ans après le Civil Right Act qui a aboli en pratique la ségrégation et 7 ans après les attentats du 11 septembre qui ont entraîné une série de mesures répressives ciblant en particulier la communauté musulmane américaine. Par contrecoup, ou effet de miroir, c?est aussi, de fait, un événement fondamental pour la France dans la mesure où l?élection de Barack Obama, en tant que symbole, ou symptôme d?une société réconciliée, post-raciale où la race en tant que construit social n?est plus un marqueur discriminant, doit nous alerter sur les faiblesses de notre modèle national.