Ecrit par Rédouane Kibou, le 10-05-2008
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« Nous sommes le Tiers-Pays, celui qui n'a rien et qui veut tout », celui qui vit là et qu'on ne voit pas, celui qu'on accuse de tout et forcément coupable du pire. La fable se poursuit. Charentaises fourrées aux pieds, je me place devant mon écran de télé, un sandwich en sursis entre les doigts et les deux yeux collés à une apparente fenêtre sur le monde. Mais de quel monde parle-t-on ?
Je scrute la téloche avec une dalle des grands jours en espérant y trouver un reflet du bout de ma rue. J'attends naïvement le réalisme de Géricault étalé dans de grandes fresques d'hommes et de femmes multicolores où toutes les nuances se chahutent de la cour de récré jusqu'aux pavillons universitaires. Je plisse les yeux devant mon écran pour tenter d'y reconnaitre quelque chose.
Le constat est navrant. Sur des plateaux étriqués, des joueurs de flute s'astiquent l'amour propre tout en se méprisant d'un sourire émail. Les divertissements servent du rêve en buffet froid aux smicards avides de beurs dans les épinards. Les pigeons se dandinent sous des puits de lumière dans des talk-shows taillés sur mesure selon les courbes de Miss Médiamétrie. Tout est passé en revue selon le prisme officiel : les jeunes casseurs, les vieillards inutiles, les immigrés parasites, les fonctionnaires oisifs, les banlieusards zonards? Leurs vérités de ventriloque nous enterrent à grands coups de faits divers devenus dogme politique. L'insécurité se vend sans état d'âme pour capter la ménagère entre le fromage et le dessert. Le Zoo de Saint-Denis creuse l'appétit. Quant à moi j'ai la digestion mauvaise, la France qu'on me serre passe mal.
Alors de quel monde parle-t-on ? L'imposture est pourtant flagrante. Le doigt sur l'estomac, je prends le maquis des insurgés. J'embarque sur la chaloupe des oubliés qui tente d'amarrer la proue des âmes errantes. Comme moi rejoignez l'agitation. Ensemble nous flinguerons à balles réelles le consensus mou des biens pensants, le barillet chargé de cartouches d'encre rouge et de saillies bien placées. Ensemble on secouera des banderoles au dessus des esprits en disette pour réveiller une France qui avance à cloche pied.
Que l'étincelle d'aujourd'hui annonce le brasier de demain pour que la France s'illumine de toutes ses couleurs, de toutes ses odeurs, de toutes ses musiques, qu'elle se regarde comme autant de richesses, comme autant de chances, comme autant de visions du monde. Que les danseurs claquent le pas chassé, que les écrivains cassent les chasses gardés, que les chanteurs lâchent les cris du coeur, que les poètes saignent les figures de styles, que les cinéastes chassent les clichés ternes, que les pigistes signent en première page, que les artistes vernissent les salons privés. Passer de la masse des invisibles aux listes des éligibles, voilà le plan.
Rédouane Kibou
Dernière mise à jour : 12-05-2008
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Ceux qui vivent ce sont ceux qui luttent
Ecrit par: moon (Invité) le 13-05-2008 14:55